Depart a Rome


Guy Gilbert: 80 ans et la "grâce" d'être reçu par son "pote" le pape

9/9/15 -

A 80 ans, le "curé des loubards" Guy Gilbert a gardé intactes sa langue fleurie, sa dégaine de motard, son énergie. Et il savoure la "grâce" d'être reçu vendredi par le pape François, à qui il compte dire: "Mon pote, t'as ouvert l'Église de façon extraordinaire."

2015 marque un double anniversaire pour le prêtre-éducateur: ses 80 ans, qu'il fêtera samedi, et ses 50 ans de sacerdoce.

La veille, au petit matin, il célèbrera la messe avec le pape, dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe. "C'est une grâce! Il est enfin celui que je cherchais, que je désirais tant", confie-t-il à l'AFP dans son bureau tout simple d'un quartier populaire du nord-est de Paris.

Ce n'est pas la première fois que le plus connu des prêtres français de terrain rencontre un pape: il a été accueilli par Jean-Paul II puis par "ce vieux renard" de Benoît XVI. Mais François, c'est différent: "On n'a pas besoin de cinq dictionnaires pour le comprendre, il a des paroles d'une vérité qui bouleverse bien au-delà des chrétiens."

Guy Gilbert se sent conforté par l'appel du pontife argentin à s'ouvrir aux "périphéries". "Je suis depuis cinquante ans dans la périphérie!" s'esclaffe ce fils d'une famille ouvrière de quinze enfants.

Ordonné prêtre en 1965, le père Gilbert a très vite adopté le look et le verbe des gens de la rue auprès desquels il a choisi de vivre. "Ma parole n'a pas de limite, elle jaillit de mon coeur", fait-il valoir. Au début, "l'Église était assez estomaquée par ce vocabulaire, mais elle a pris l'habitude". Elle a dû aussi composer avec son blouson de cuir bardé de pin's, ses bagues, ses santiags. Et ses cheveux longs qui lui avaient attiré une remarque de son archevêque à Alger, Mgr Duval. "Je lui ai répondu: +écoute, t'as pas un cheveu sur le caillou, moi j'en ai trop. Fifty-fifty, restons-en là+", s'amuse-t-il.

Pourquoi cet engagement? "Quand j'étais petit je ne pouvais pas supporter que quelqu'un souffre, j'ai gardé ça." C'est ce qui l'a poussé à transformer une ruine provençale des gorges du Verdon en centre ayant accueilli, depuis 1974, des centaines de jeunes "foutus à la porte de partout", pour leur permettre une réinsertion sociale. La "bergerie de Faucon", une "institution laïque" tient-il à préciser, se maintient aujourd'hui grâce aux aides publiques, aux droits d'auteur tirés de sa quarantaine de livres, aux dons surtout. "Ce sont les gestes des petits, pas des grosses sommes, qui m'émerveillent."

- "Prêtre pour tous" -

Qu'on ne s'y trompe pas: Guy Gilbert "reste dans la ligne de l'Église", sur l'avortement et l'euthanasie notamment, "admiratif" de la voir promouvoir "le respect de la vie jusqu'au bout". Mais il aimerait qu'elle s'ouvre à la bénédiction des divorcés et des homosexuels, voire à l'ordination d'hommes mariés prêtres et de femmes diacres.

"Je bénis les motos, les maisons, les chiens, et on peut pas bénir les homos? Nous n'avons pas à juger ce qu'ils vivent!" tranche-t-il, comme en écho au fameux "Qui suis-je pour juger?" du pape.

"Curé des loubards"? "Prêtre pour tous", rectifie-t-il. "Je suis prêtre partout où on m'appelle." Celui qui ne craint pas la lumière médiatique, de Radio Notre-Dame aux "Grosses Têtes" de RTL, a marié le comédien Jamel Debbouze et le prince Laurent de Belgique. "Ce sont des perles précieuses, mais ce sont les plus pauvres qui sont au coeur de ma vie", souligne-t-il.

Guy Gilbert n'est pas à l'heure des bilans, ni des projets. "Vivre l'instant, 24 heures d'amour me suffit. Hier j'm'en fous, demain j'm'en branle", résume-t-il. Sur un de ses livres, "Éveilleur d'espérance", paru chez son fidèle éditeur Philippe Rey, il griffonne une dédicace: "Lutte et aime." Mais déjà Omar, un jeune homme défavorisé, l'attend devant son local parisien qui confie, résumant le service rendu par le prêtre: "J'ai personne d'autre que le père Gilbert."




 
 
 
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