Demain

30 mai 2022


Faucon aujourd’hui et demain



En 1978 j’ai écrit dans « Un prêtre chez les loubards » ce petit texte que je tente de vivre depuis 47ans :


« Prêtre au milieu d’eux, avec eux, prêtre sauvage sans communauté chrétienne, mais envoyé par l’Eglise, agissant en son nom et en union avec elle, homme de la contradiction, totalement jeté dans le combat social et politique, sachant me mouiller quand il le faut , prêtre pour un peuple qui n’en attend pas, je veux être avec mes coéquipiers, témoin de la justice et de l’amour. Avec tous les hommes de bonne volonté qui ont compris que ces jeunes, que nous avons rejetés, ont besoin, pour vivre debout et libres, d’un véritable regard de frère. C’est ça pour moi, en plein cœur de l’Eglise, vivre mon sacerdoce. »


J’en ai assez d’entendre des personnes bien intentionnées me souhaiter longue vie ! A 87 ans, ma forme est bonne. Mais la fatigue gagne. Je vois bien. J’entends super bien. Mon dentier fait il y a30 ans tient bien malgré ma bouche qui se rétrécit. Je reçois parfois des nouvelles de mon décès. Certains ont hâte d’abréger mes jours… Qu’ils téléphonent à Dieu ! Lui seul le sait !


A 85 ans ma vie a basculé grâce au Covid. J’ai fui Paris le 18 mars 2020 pour me rendre à Faucon. J’y suis resté depuis. Finis Paris et le 46 rue Riquet (19ème) et mon travail d’éducateur à Paris. Mon courrier reste à la même adresse. Finies les conférences où je partais chaque week-end avec joie. Je n’ai plus d’inspiration pour un nouveau livre. Mais si ça vient, je réécrirai pour entamer mon 56ème livre.



Faucon aujourd’hui



Faucon est né et construit grâce à un jeune prophète qui m’a suggéré d’acheter une ruine loin de Paris pour la rebâtir en1972. 250 jeunes marginaux l’ont construite avec plusieurs adultes maçons de la région très compétents.

La ruine achetée en 1974 a été construite et inaugurée en 1982. Des centaines de jeunes l’ont habitée depuis. Ces jeunes en déroute ont bénéficié des trois impératifs essentiels qui sont restés les mêmes.


1Les aimer gratuitement et les servir

2Leur faire confiance malgré leurs déroutes grandes et leurs rechutes

3Les aider à se mettre debout pour leur propre avenir

Presque 50 ans après il est bon de regarder pour demain ce que deviendra Faucon.



Les bêtes providentielles



J’ai vu dès le début leur intérêt pour les animaux. C’est notre outil éducatif principal pour les aider à se construire. Nous avons 120 bêtes de 20 espèces différentes. Les nourrir, les apprivoiser est le travail principal de chaque 365 jours !

On me demande souvent notre taux de réussite et d’échec. Je n’ai jamais calculé et je le refuse. Mais je sais qu’on gagne à 100 % si on aime gratuitement.


Sion ne baisse jamais les bras

Sion pense que Dieu fera ce je n’ai pas su faire ou mal fait



Faucon, une petite association



C’est une aventure chaque jour.

Elle a duré sans s’amoindrir.

Elle a grandi au cours d’un combat perpétuel.

Elle est visitée par de nombreuses personnes chaque année.


Elle est ce qu’elle est grâce à l’apport d’innombrables personnes qui souvent viennent vérifier que leurs dons ont été mis en vie. Leur apport a été décisif, et Faucon aujourd’hui est leur œuvre.

Faucon dépend de l’Etat (Ministère de la Justice, de la Famille). Il nous faut lutter chaque jour pour être aux normes administratives multiples. C’est exigeant mais respectable.

Notre association est petite. Elle doit rester ce qu’elle est. Je connais chaque jeune et chaque éducateur. On m’a proposé d’étendre notre association, par des dons de propriétés ou on me proposait terrains et bâtiments. J’ai toujours refusé. Mais des dizaines d’associations sont nées de l’esprit de Faucon. Ça c’est de l’or. Parrain lointain de ces implantations, je bénis de loin ces créations et je me réjouis qu’elles existent. Je refuse d’être le président d’une multinationale de la délinquance.


Faire petit, aller jusqu’au bout. Connaitre chaque personne par son nom et son histoire. C’est rester humain avec les humains. Non pas chercher du fric sans cesse et gérer des structures souvent inhumaines.



Faucon demain



Il est bon de penser à demain. J’avais pendant 8 ans mis des filles avec des garçons à Faucon. Expérience risquée et étonnante. Les jeunes garçons étaient plus cool. Et les filles apportaient leur diversité. Cela s’est arrêté car les problèmes de sexualité mêlés à des jeunes déjà très expérimentés engendraient des problèmes insurmontables. Je n’ai pas renoncé pour les filles. Mais en envisageant un lieu séparé de Faucon où elles s’épanouiraient. C’est un projet qui me hante depuis longtemps. Puisse-t-il voir le jour.


Autre projet. Le suivi des anciens. Trouver un responsable pour s’occuper des anciens partis de Faucon. Je continue de rester avec eux. Notamment les plus anciens. Dès que je me lève ce sont les premiers appels prioritaires. « Je suis seul. » « Je suis en taule. » « J’ai pas un sou. » Je m’astreins à envoyer des PCS et Transcash, souvent. C’est dur. Je reste avec eux. Mais un responsable serait très bon. Les anciens m’appellent et viennent à Faucon, souvent. Le lien reste fort et je garde leur contact. Ce lien, je le garde précieusement.



Envoyé par l’Eglise



L’évangile nous appelle, nous chrétiens, à aller vers les plus pauvres. L’Eglise m’a envoyé à des jeunes très souvent non chrétiens depuis toujours. Les multiples archevêques de Paris m’ont confortés à vivre avec les plus pauvres avec mon charisme. C’est assez unique. Mais c’est.


Je n’oublierai jamais la phrase de Mgr Marty : « Un pied dans la rue. Un pied dans l’Eglise. Gardez vos deux pieds là où ils sont. »

Mon sacerdoce reste toujours prioritaire. Messe tous les jours à 18h à Faucon. Prêtre délégué au diocèse de Digne, je célèbre à Rougon (à 7 km de Faucon). J’ai fait dans la paroisse de Rougon de multiples baptêmes et mariages. Le curé de ce village a 15 paroisses : je le seconde ainsi.

Moi qui désirais être curé de campagne en1965, année d’ordination, je vis ce rêve depuis 47 ans !

Ce texte n’est pas un testament mais il est bon que je le fasse.



Père Guy GILBERT, 30 mai 2022



PS


Le Covid étant parti, les fêtes de Faucon auront lieu cet été comme avant :


La Saint-Christophe avec les motards les 30-31 juillet (Procession et messe)

La fête de Faucon vendredi 5 août (Spectacle des jeunes)

Messe du 15 août à 10h30 à La Palud sur Verdon (Assomption)





















































































































































































































 
 
GUY GILBERT - 46 rue Riquet - 75019 PARIS France - Fax 01 40 35 12 93 - Répondeur 24h/24 : 01 40 35 75 46 - email -
Login
Création site Internet