Mains pour servir

2 juillet 2019


Aux 8 jeunes prêtres à Notre-Dame des Victoires



 
 



1948 J’avais 13 ans et j’entrais au Petit Séminaire deSaintes (en Charente Maritime)


1957 J’avais 25 ans. Je partais pour la guerred’Algérie, jeune appelé. On m’a demandé de porter la soutane pour entrer dansle monde et donner de la visibilité à mon futur sacerdoce. Du petit Guy quej’étais et qui était tutoyé, le vouvoiement qu’on m’adressait m’étonnait.J’étais quelqu’un de respectable… pour les autres.


1962 Fin du service militaire en Algérie et en pleinconflit meurtrier de fin de guerre, je décidais de finir mon temps de séminaireen Algérie à Kouba (Alger) avec l’accord de l’Evêque de La Rochelle et duCardinal Duval Archevêque d’Alger.


Alger était à feu et à sang.Un jour, le Cardinal Duval demande à me voir à l’Archevêché. Durant l’entretien, les coups de fusils d’une guerre civile s’entendaient de temps en temps. Le Cardinal, pétrifié, sursautait à chaque rafale.

L’entretien se termine et il me dit cette phrase : « Seul l’amour vaincra la violence ».Nanti de cette phrase militante, je le quittais.


A 200 mètres de l’Archevêché, je vois une petite foule. Je m’approche. La foule vociférait sa haine, face à un jeune adolescent qui venait d’être mitraillé. Je fendais la foule et me plaçais debout à 2 mètres du mort et priais. La foule, d’un coup, fit silence.Stupéfiant. Ma soutane révélait aux chrétiens exaspérés que l’Eglise restait dans cette horreur un signe d’Amour.


Juin 2019 Il y a 15 jours, je rencontre un jeune prêtre en soutane, à Fontainebleau. Il me dit qu’il a été traité de pédophile par trois fois.

Le célibat, don de Dieu,reste un trésor pour l’Eglise. Trésor contesté et sali suite aux événements que vous savez. Le prêtre, malgré tout, reste le donneur de Dieu. Sa vie, son cœur, ses mains, sont consacrés pour servir.




DES MAINS POUR SERVIR


Pendant l’Eucharistie, il n’y a pas de plus beaux gestes que ces mains tendues pour la communion.


La main robuste du maçon, la main usée du vieillard, les mains fragiles de l’adolescent et les mains menues du petit qui vient communier.

Menottes de l’enfant qui s’approche timidement sans mesurer encore la grandeur de cet instant, mais qui le ressent finalement souvent mieux qu’un adulte, parce qu’il est pur, donc ouvert à la grâce qui l’envahit.

Mains calleuses du terrien, de l’ouvrier, burinées par la vie, le travail, la dureté de la terre ou des outils.

Mains fines du riche qui ne connait pas les matins ensommeillés où il faut courir pour attraper son métro, courir encore pour retrouver le nid familial. Mais peut-être ces mains connaissent-elles d’autres détresses ! Celles de l’enfermement qu’imposent toute richesse, toute réussite sociale éclatante, tout pouvoir, tout don gardé pour soi.

L’hostie a place dans ces mains là aussi, à condition que le prêtre leur crie sans cesse qu’elles doivent s’ouvrir pour partager,soulager, aimer.

Mains de prostituées, mains que l’on croit souillées par d’innombrables caresses et étreintes. Jésus a dit de ces mains-là, qu’elle sauraient aussi leur place dans le Royaume de Dieu.

Mains tatouées… plus qu’en toute autre main, je sais lire en elles. Je sais que c’est souvent en prison qu’elles ont profité de ces quelques centimètres carrés de liberté qu’il leur restait : leur peau, où inscrire ces signes d’appartenance au monde des rejetés, des piétinés, des abîmés.

Mains tremblotantes du vieillard, qui sait que l’Eternité approche, l’appréhende ou la regarde en face, acceptant l’usure du corps, mais qui refuse que son cœur ne batte plus au rythme du monde d'aujourd’hui.

Mains d’adolescents, impétueuses et décidées, ou hésitantes et timorées.

Mains d’adultes, sûre d’elles-mêmes ou meurtries par la désespérance de voir leurs enfants qui poussent mal.

Mains du garçon, trahi dans un premier amour.

Mains de la fille, qui pense qu’être aimée ça n’existe pas,parce qu’elle a été trop souvent draguée, pelotée, désirée comme un objet.

Mains du couple, qui respire l’amour, la tendresse, et qui écarte en souriant le petit perdu dans leurs jambes, tout en tendant l’autre main.


Enfin,voici mes mains de serviteur et de pêcheur qui ont été bénies par l’évêque qui m’ordonnait, le 03 juillet 1965… Il n’y a que 54 ans, aujourd’hui.


La vie commence jeunes prêtres, vous qui avez été consacrés il y a 3 jours… La mienne aussi commence aujourd’hui.


Merci à vous, famille, amis,d’avoir veillés pour que votre fils, frère ou ami, soit ici autour de l’autel.Merci particulièrement aux formateurs de jeunes prêtres.



- Luttez pour garder chaque jour l’Amour de Dieu.

- Priez pour en avoir la force.

- Aimez avec le cœur de Dieu.

- Et dormez.Chaque jour est une œuvre d’Amour.

Bien faire ce que l’on fait. Vous n’avez que 24 heures pour cela.

Ménagez-vous et prenez le temps de vous reposer.





Guy Gilbert

















































































































































































































 
 
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