Elu pour déplaire

Dimanche 6 mai 2012

 

 

Revenant de province le 6 mai à 20 h 15 pile, je sors du train et salue comme d’habitude mes frères africains se précipitant dans les wagons pour les nettoyer. Deux d’entre eux m’interpellent joyeusement : « On a gagné ». Un autre signe un arrêt de mort : « On n’est pas dans la merde ! » Je souris.

 

Ce que j’ai aimé dans cette présidentielle c’est le dialogue qu’elle suscite. On se parle. On est d’accord ou pas, mais on se parle.

 

Pour celui qui vient de l’emporter le défi est simple et gigantesque à la fois, face à l’éclatement de la société française. Au nouvel arrivant de reconstruire notre nation disloquée. Lui redonner confiance et espoir est sa tâche prioritaire. Pour recréer les conditions d’un vivre-ensemble. Il lui faut alors mettre fin à ce qui nous divise. Noble tâche mais particulièrement ardue. Un président est nommé… pour déplaire très vite. L’euphorie des débats multiples des foules très nombreuses et toujours acclamantes passe comme la rosée du matin.

Le nouvel élu le sait, et s’il se fige sur le souvenir des acclamations, très vite il s’aperçoit de leur futilité.

 

Un président n’est pas noir ou blanc. Il est avec sa personnalité, ses qualités et défauts, en pleine lumière. Il peut déraper, il peut enchanter. Il peut intriguer, il peut repousser. Mais il ne laisse personne indifférent. C’est sa grâce et sa croix.

 

A lui de vibrer avec son peuple de façon à l’écouter pleinement. Et surtout de ne pas avoir une cour qui dénature ce qu’il est, ce qu’il veut faire, et ce à quoi le peuple aspire. Ces courtisans-là sont souvent une faune carnivore et détestable.

 

Elle masque alors à celui qu’elle encercle et dévore à la fois, les vrais problèmes que des millions de français s’acharnent à résoudre dans l’inquiétude et la peine.

Le nouveau président nous amène le vent de l’alternance très attendue.

 

Sa solitude d’il y a quelques années est remarquable. Il a pu penser, sentir l’avenir et les soucis du peuple auquel il s’arrime.

L’Eglise comme d’habitude a joué la prudence lors de cette élection. Les évêques ont été cependant nets et précis notamment sur les extrêmes qui durant la campagne ont avancé étonnamment. Au point de faire basculer sur le trône républicain celui pour qui la faveur des citoyens était hésitante au début.

Elle l’a emporté de justesse en finale.

 

Il faudra que l’élu assume auprès des catholiques sa décision de légitimer les mariages entre deux personnes du même sexe et surtout son désir de favoriser l’introduction de l’euthanasie pour la fin de vie.

Ces choix relèvent de l’intime et non d’une position idéologique de l’Eglise. La liberté de dire ce qu’elle rejette fait partie de ce qu’elle pense bon pour l’homme. L’Eglise ne flirte pas avec les positions majoritaires. C’est son droit et sa grâce.

Mais si nous sommes vigilants, soyons accueillants. La gauche n’a rien de détestable. Elle est proche de l’évangile dans ses aspirations pour le bien et surtout pour le souci des plus pauvres. Je l’aime pour ça.

Même si elle n’est pas tout à fait conforme à l’enseignement social du plus révolutionnaire de tous les temps : le Christ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
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